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Jour de l'an

Jour de l'an

Pourquoi la nouvelle année démarre au 1er janvier ?

Nouvel an, fiche technique (France) :

 

- date : 1er janvier*, date fixe

 

- type de fête : civile

 

- férié ? oui

 

- fêté depuis : 4000 ans, peut-être plus

 

- célébré : partout dans le monde, à différentes dates

 

*depuis l'édit de Roussillon, 9 août 1564

 

 

Origine du  nouvel an

Comme son nom l'indique, le jour de l'an célèbre le 1er jour d'une nouvelle année, celui qui donne le top départ ! Il doit mener les Hommes vers une année qu'ils espèrent évidemment prospère et riche en (bonnes) surprises.

 

J'avais initialement imaginé cet article plus court, mais pour comprendre le nouvel an, il faut déjà comprendre notre calendrier actuel, qui ne s'est pas fait en un jour. Nous commençons donc par un gros morceau…

 

Le nouvel an est peut-être la plus ancienne de toutes les fêtes. Les premières sources à la mentionner sont celles de Babylone, il y a 4000 ans, quand onze jours de festivités étaient dédiées au dieu Mardouk, protecteur des récoltes.

Celui-ci devait se montrer bienveillant envers ses fidèles, pour qu'ils puissent manger à leur faim dans l'année à venir.

Symbole de renouveau, la nouvelle année arrivait avec le printemps : elle débutait en effet le jour de la nouvelle lune qui suivait l'équinoxe (en mars, dans l'hémisphère nord).

 

D'une manière générale, un peu partout dans le monde, le nouvel an coïncidait historiquement avec l'équinoxe de printemps (mars ou septembre selon l'hémisphère). L'année meurt avec l'hiver, puis renaît quand la terre se réveille. Ce concept universel se retrouve à la fois dans l'imaginaire collectif et les représentations artistiques.

 

Mais rien n'exclut qu'il n'existe pas de fête du nouvel an antérieure à l'écriture. Plusieurs sites mégalithiques semblent avoir été créés pour observer la position de notre étoile, dans des pays où l'écriture est apparue bien plus tardivement qu'en Mésopotamie.

 

Calendrier aztèque
Calendrier aztèque

On peut supposer que le passage à une nouvelle année ait toujours été observé, célébré et que cette fête soit donc aussi ancienne que les premières civilisations. Quitte à ce que le calendrier qui l'accompagnait soit plus ou moins formel...

 

Cependant, qui dit écriture dit changements majeurs. Quand on consigne un texte, on le date, donc on possède un calendrier établi autour d'une culture commune pour tout un peuple. Les fêtes étant le ciment d'une société, il faut choisir un événement marquant ou symbolique pour démarrer l'année. Comme le printemps déjà évoqué.

 

Les Egyptiens de l'Antiquité, dont les récoltes dépendaient bien plus de la crue du Nil que du retour des beaux jours, avaient choisi de fêter le nouvel an lors de l'arrivée annuelle de la crue.

 

Les Romains de l'Antiquité faisaient démarrer l'année le jour de la fondation de Rome, les Chrétiens le jour de la naissance du Christ (Noël), les musulmans le jour de l'hégire, où Mahomet est parti à Médine et a rompu définitivement avec l'ancien modèle social.

 

La liste est longue, mais on comprend à peu près l'idée commune !


Calendrier julien

En Europe, nous avons hérité du calendrier solaire des Grecs. Mais selon les endroits du globe, il y a aussi des calendriers lunaires, luni-solaires... ou plus complexes encore.

Nous allons rester en Europe de l'ouest et voir quelques calendriers anciens, qui ont progressivement façonné celui que nous connaissons aujourd'hui.

 

Pour faire court, disons simplement qu'il y a eu 2 changements majeurs : la réforme julienne et la réforme grégorienne.

 

Dans l'antiquité romaine, le 1er mois était celui de mars, dédié au dieu romain du même nom (Mars ou Arès en grec, dieu de la guerre).

Septembre était alors le 7e mois de l'année, octobre le 8e, novembre le 9e et décembre le 10e. Eh oui, nous l'entendons encore dans leur étymologie !

 

Le calendrier romain a évolué plusieurs fois, jusqu'à passer de 10 mois à 12.

Janvier, le 11e mois, tirait son nom du dieu Janus, le dieu des portes et des commencements, souvent représenté avec 2 clefs. Lors de l'arrivée du christianisme, il a été associé à St Pierre.

Février, le 12e mois, était donc le plus court, puisqu'il comptait le nombre de jours restants pour coller au plus juste à l'année solaire (dite aussi année tropique, soit 365,2422 jours).

 

Les Romains ayant de nombreuses superstitions, février tire son nom de Februa (purification), car ce mois était considéré comme un temps à risque. Ovide nous le décrit comme un instant de contact entre les vivants et l'au-delà. Il comprenait donc plusieurs jours dédiés à la purification, afin de minimiser ces risques.

 

Mais le calendrier romain était loin d'être une machine bien réglée, notamment en raison de la phobie romaine pour les chiffres pairs !!

Chaque mois était composé d'un nombre de jours impair, ce qui est évidemment embêtant quand il faut parvenir à 365 jours en 12 mois...

A force d'intercaler des jours un peu au hasard de l'année et d'éviter ces nombres pairs, les Romains en sont arrivées aux « années de la confusion » qui ont nécessité une réforme en profondeur du calendrier par Jules César. Nous en arrivons ainsi à la réforme julienne !

 

En 46 avant notre ère, Jules décide que le jour de l’an, auparavant célébré en mars, sera désormais fixé au 1er janvier. Ca y est, nous avons notre 1er janvier ! Pour un temps au moins, car les choses vont encore changer...

 

César souhaite un calendrier précis et réglé, avec des mois fixes au nombre de jours impairs, à l'exception du mois de février.

Cette réforme entraîne des changements majeurs dans la société romaine, même si l'on estime qu'il fallut environ 44 ans pour que ce calendrier fut complètement mis en application.

 

Dès la mort de César, il se met doucement en place et le consul Marc-Antoine décide de renommer le mois de quintilis en julius (juillet), afin de rendre hommage à notre bon Jules.

 

Puis 44 ans plus tard (en 2 avt JC), le calendrier julien est complètement adopté et restera en usage jusqu'à la fin du XVIe siècle. C'est Auguste qui achève l'œuvre de César et laissera par la suite son nom à... devinez quel mois ?


Calendrier Gregorien

 

Dur de ne pas tout chambouler avec l'arrivée du christianisme. Le plus simple a été d'avancer le lancement de l'année d'une semaine pour coller avec la naissance de JC : le nouvel an était donc le 25 décembre au lieu du 1er janvier. Mais ce système ne semble pas avoir été adopté dans tous les pays.

L'ancienne appellation du calendrier, A.J.C. (pour Auguste Julien César) est même devenu avec le temps ''avant J.C.'' en français (ante J.C. en latin).

 

La plupart des fêtes païennes sont d'ailleurs avantageusement remplacées par des fêtes chrétiennes, qui tombent toujours par coïncidence aux mêmes dates ! Ce qui évite de modifier tout le calendrier.

 

Pour autant, les rois s'en sont donnés à cœur joie pour changer régulièrement la date du nouvel an. Charlemagne réinstaure la date du 25 décembre, jour de son sacre en l'an 800 : à nouveau, le jour de l'an coïncide avec la naissance de Jésus.

Mais les Capétiens préfèrent reprendre la symbolique du printemps, tout en l'associant à une fête chrétienne forte : ils démarrent ainsi la nouvelle année avec Pâques.

 

En Europe, Charles Quint est le 1er à reprendre l'idée du 1er janvier des Romains. Choix officiellement adopté en France avec Charles IX par l'édit de Roussillon du 9 août 1564, puis confirmé par le pape Grégoire XIII lors de la réforme grégorienne en 1582.

Sacre de Charlemagne, tel qu'imaginé par Fouquet au XVe siècle
Sacre de Charlemagne, tel qu'imaginé par Fouquet au XVe siècle

 

Les avancées technologiques et les savoirs de la Renaissance sont alors en net progrès et le besoin d'un nouveau calendrier se fait sentir, pour avoir une année solaire plus juste : les années bissextiles sont alors décidées, pour réajuster tous les 4 ans le quart de journée oublié de l'année tropique.

 

Quant aux mois de l'année, ils sont désormais de durée inégale, de 28 à 31 jours.

 

Evidemment, l'ordre venant du pape, l'adoption du calendrier grégorien se fait rapidement dans les pays catholiques d'Europe, mais avec beaucoup plus de réticence dans les pays protestants, en plein milieu de cette période troublée accompagnée de guerres de religion.

Ce calendrier grégorien se basait pourtant sur les travaux de scientifiques protestants autant que catholiques, mais « les protestants préfèrent être en désaccord avec le Soleil plutôt que d'être d'accord avec le pape », comme l'a judicieusement formulé quelqu'un (on soupçonne fortement Voltaire d'être le véritable auteur de cette phrase, bien qu'elle ait été attribuée à Kepler... bien après sa mort !).

 

Les réformes successives et les confusions dues aux anciens calendriers expliquent qu'il est parfois difficile pour les historiens de dater avec précision un événement. Il y a souvent des désaccords sur le jour ou le mois...voire l'année d'un événement !


Le nouvel an aujourd'hui

Malgré un passage de 12 ans (1793-1805) au calendrier républicain en France – qui pourrait constituer un article à lui tout seul – le calendrier grégorien est resté jusqu'à nous et s'est globalement imposé comme modèle de référence dans le monde, suite à l'expansion coloniale ou à l'arrivée progressive de la mondialisation.

 

Bien que nous n'ayons pas gardé le (trop compliqué) calendrier républicain en France, une idée était sûre pour Napoléon : conserver 4 fêtes religieuses et transformer les autres en fêtes civiles. Certaines étant désormais fériées.

 

Ainsi, en 1810, le 1er janvier est déclaré jour férié et fête civile. Le jour de l'an n'a donc plus aucun lien avec le pape et la chrétienté... en dehors d'une bonne partie de son histoire, évidemment !


Traditions

Je traiterai de la St Sylvestre dans un article à part, ici, nous considérons donc comme tradition ce qui se fait à partir de minuit.

De nos jours, le décompte de la nouvelle année est souvent suivie du fameux cri ''Bonne année !!!'' avant de faire la bise à l'ensemble des personnes présentes (autrefois sous le gui).

 

Ce moment est aujourd'hui partagé à distance également, puisque l'on reçoit souvent dans les minutes qui suivent les appels de ceux qui fêtent ce passage ailleurs. Ou les sms remplis de vœux élaborés de la part de ceux qu'on aime.

Il est aussi de coutume de trinquer, le plus souvent au champagne.

 

En Savoie, une tradition à part existe : celle de donner aux enfants des friandises ou de l'argent, appelés ''étrennes'', quand ceux-ci rendent visite aux membres de la famille.

Le concept d'étrennes s'est depuis répandu en France, bien qu'il désigne plutôt celles des concierges, gardiens et personnel de maison, d'ailleurs distribuées à cette même période.

 

 

La tradition des étrennes existe aussi en Belgique : la « dringuelle » (du flamand drink geld) est reçue après récitation de vœux, en poème ou non. Je ne suis pas sûre que cette tradition existe encore partout, en revanche celle de la goutte (verre d'alcool), accompagnée d'une assiette de galettes pour les amis et la famille semble être bien vivante !

 

Au Québec, une tradition moderne : l'émission Bye Bye, qui fait un point humoristique sur l'année (le 31 décembre à 23h), suivie de près par de nombreux Québécois.

 

Peut-être en héritage à la concordance du nouvel an avec les récoltes, les Espagnols mangent 12 grains de raisins pour les 12 mois de l'année.

Ayant moi-même fêté un nouvel an colombien, il y avait 6 grains de raisin rouge et 6 de raisin blanc, mais j'ignore si c'est une particularité locale ou plutôt une coutume globale.

 

Je ne pourrai pas faire de tour du monde des traditions, aussi je finirai sur le Portugal : les 12 grains de raisins existent aussi, mais on doit les manger... les 2 pieds sur une chaise ! Et surtout, surtout, descendre la chaise du pied droit !

Selon les régions du Portugal, de nombreuses traditions différentes semblent exister, mais la plus commune est de jeter de la vieille vaisselle par la fenêtre !

 

N'hésitez pas à mettre d'autres traditions que vous connaissez en commentaires !

 

Et j'espère que l'article vous a plu. :-)

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Commentaires: 3
  • #1

    Leroy Kowalk Sabrina (lundi, 04 janvier 2021 18:53)

    Bravo Caroline pour ton blog !
    En Allemagne, dès minuit : feux d'artifice et pétards dans les rues. J'attends la Saint-Sylvestre 2021 pour les autres traditions ;)

  • #2

    Marie-Anne NICOLAS (mardi, 05 janvier 2021 11:33)

    Bravo Caroline pour cette belle recherche!
    Bonne année 2021

  • #3

    Magnus (samedi, 09 janvier 2021 14:29)

    Merci Carro. Super interessant.